Mon objectif est d'explorer l'inconnu d'une vie nouvelle, grâce, entre autres, à l'écriture. Le ton restera le même; souvent impertinent, parfois cynique mais toujours en tentant de garder ce qui nous permet encore de vivre dans ce drôle de monde, l'humour, dans tous ses états.
Dans la vie, il y a des petits moments de bonheur. J'en ai vécu un hier, quand j'ai fini par retrouver un bouquin de travail que je cherchais depuis jeudi dernier, soit cinq jours. Bonheur augmenté du fait de me dire que je ne suis pas encore tout à fait gâteux... C'est peu de choses, mais qu'est-ce que ça fait fait du bien.
Aaahhh faut pas vieillir ! Si la tête est là, le corps a parfois du mal à suivre. Ainsi, ayant usé et abusé de la position assise en voiture ces dix derniers jours, ramassé des mirabelles dans des positions inadéquates, donné un coup de main pour vider une maison bientôt à vendre... je me suis payé une bonne douleur à la cuisse droite.
D'abord, j'ai cru à un claquage, mais non, un claquage, comme son nom l'indique... claque, et ça s'entend. J'ai déjà vécu l'expérience du son du coup de fouet jumelé avec la sensation d'un coup de faux dans les guiboles.
J'ai donc ensuite penché pour la contracture musculaire tant la douleur était intense. Et puis non, pas ça non plus.
Comme ça irradiait du haut du rein droit, façon poignard, jusque sous le creux poplité - c'est joli comme nom ! - en passant par la face interne de la cuisse, je me suis auto-diagostiqué une belle cruralgie, comme on aimerait en avoir plus souvent.
Du coup, en bon pseudo médecin que je suis, hop, auto-médication et cure d'anti-inflammatoires... Tout faux... je vais être obligé de repasser le certificat "La cuisse droite de l'homme, son oeuvre, sa vie, ses peines !"
En effet, l'heure de la reprise ayant sonné, je suis allé faire ma pré-rentrée jeudi en tirant la patte. Assis une grande partie de la journée pour recevoir la bonne parole sinistérielle et administrer l'organisation du gagne pain, la partie sensible - la cuisse, mes enfants, uniquement la cuisse - n'eût pas le repos/répit escompté pour qu'au jour de la vraie rentrée, avec des morceaux d'enfants dedans, mon corps d'athlète soit à 100% restauré.
Et hier soir, fourbu, quand j'ai voulu regarder ce qui me picotait la face interne de la cuisse droite, façon petite brindille plantée dans la couture du pantalon... surprise, étonnement et tout de même un rien d'inquiétude : du bleu sur une surface supérieure à mes deux mains. Mon Jean avait-il déteint ? Non, car la couleur attestait d'un épanchement sanguin semblable à ceux que l'on voit quand on se fait un bleu - le mot est juste, diantre -
Il était trop tard pour alerter le praticien. Je résolus donc de dormir, fermement décidé à consulter la faculté dès potron-minet. L'homme de l'art m'ausculta, examina la tache, constata l'ampleur des dégâts et finit par me rassurer. Aucun de mes diagnostiques de comptoir n'avait tenu. Il s'agissait simplement de l'éclatement de vaisseaux sanguins dû à la fatigue, aux efforts et aux médicaments que je prends quotidiennement pour parer une nouvelle embolie.
Quel ravissement, moi qui en dernière instance pensait que j'étais en train de me transformer en Schtroumpf par la cuisse droite, je fus bien rassuré et fort heureux de pouvoir quitter le cabinet médical sans craindre un mauvais coup de la Camarde. Serein, j'ouvris la porte pour sortir et m'affalai à terre ; j'avais juste oublié que le médecin venait de me couper la jambe...
Aujourd'hui, journée un peu particulière... funérarium, levée du corps, cérémonie, crémation, repas de famille, évocations, souvenirs. Soleil de plomb, chaleur lourde de la Lorraine, passage par la maison familiale, objets maintenant orphelins, souvenirs, évocations... à nouveau. Coups de blues, fatigue, repas en petit comité, famille proche. Tranche de vie...
Il existe au monde un endroit assez insolite, proche de la jolie ville de Château-Gontier en Mayenne. Cet endroit n'est pas un monument historique religieux, civil ou encore militaire, pas plus qu'un site naturel classé. Cet endroit est d'une simplicité déconcertante, circulaire, de bonnes dimensions, engazonné, orné d'un massif central d'arbustes, le tout ceint d'une route goudronnée.
Oui, c'est un rond point, comme on en rencontre partout en France. Alors, me direz-vous, en quoi la chose est-elle originale ? Et bien voilà : contrairement à la plupart des ronds-points, celui-ci n'est pas désert... quand je dis désert, je suis bien conscient que les ronds-points sont habités par une multitude d'insectes et de tout petits animaux, mais là... à l'entrée d'une ville, au milieu des habitations et des magasins, des moyennes surfaces de zones d'activités, c'est une petite boule de poils avec des grandes oreilles et un petit pompon en guise de queue. Un lapin !
Oui, un petit lapin commun. Alors ? Inédit ? Original ? Oui, j'admets que je me laisse emporter par l'enthousiasme, mais je vais vous dire pourquoi. Circulant en voiture il y a de cela plusieurs mois, et empruntant ce rond-point, quelle n'a pas été ma surprise en distinguant, au ras des arbustes ce Jeannot lapin ! Interloqué de voir là cette petite bête, je poursuivis ma route avec à l'esprit l'idée de raconter cela à mes hôtes.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, en supposant que cette présence inhabituelle relevait de l'exception et que le lapin se serait vite replié dans les fourrés voisins. Que nenni ! Au retour, maître lapin grignotait quelques brins d'herbes, un peu plus loin, en terrain découvert, à quelques mètres des végétaux qui lui servaient d'abri. A nouveau pantois, je me dis que la vie et ses hasards avait concocté cette rencontre hors norme, petit bonbon du quotidien.
L'expérience se renouvela, pas immédiatement, mais quelques semaines plus tard, à la nuit tombée. Rentrant d'une belle balade avec des amis, je leur contais la rencontre en arrivant aux abords du rond point. Et là, pour conforter mes dires... Lapinou trottait tranquillement sur le gazon dont visiblement, la margelle de trottoir circulaire délimitait le territoire. L'espace était suffisant à suffire au bien-être du lapin qui ne franchissait pas la frontière invisible.
Passant régulièrement par cette route, je pris l'habitude du rendez-vous, avec l'incertitude de la présence du petit propriétaire des lieux. C'était même devenu un jeu, lorsque nous étions deux à voyager, de parier sur le rendez-vous réussi ou raté avec Jeannot lapin. Puis une nuit, de retour d'une soirée conviviale, ce n'est pas un lapin qui pâturait mais deux... Le lapin des villes avait-il invité le lapin des champs ? L'inédit de la situation se renforçait.
Ainsi, de mois en mois, lorsque que j'avais à voyager dans cette région, l'itinéraire passait immanquablement par le rond point aux lapins. De deux, ils passèrent à trois, nombre toujours d'actualité à ce jour. Visiblement ces petits habitants semblent de moins en moins farouches et ne sont aucunement perturbés par les voitures qui circulent. Peut-être qu'un jour, si aucun renard ne découvre ce petit paradis, si aucun humain ne vient troubler la vie des petits garennes, ils seront quatre, puis cinq... Qui sait ? Une chose est sure, c'est que cette bizarre rencontre m'est une petite perle de vie qui brille à chaque rendez-vous au rond point des lapins...
Chères collègues enseignantes, chers collègues enseignants. Je sais que vous ne vous arrêtez jamais de penser à la pédagogie.
Je sais aussi la difficulté de vous fournir en matériel pour faire produire vos petites têtes blondes lors de la fête des mères, celle des pères, quand vous ne souscrivez pas en plus à celles des mamies et des papys...
Aussi, je vous offre ce lieu riche en ustensiles de tous genres qui vous permettra d'envisager les prochaines activités plastiques avec vos élèves... ça changera de l'éternel collier de nouilles et du cendrier en béton, tout en aillant un impact avéré sur l'écologie.
Spéciale dédicace à mes collègues qui ont fabriqué un arbres à coucouniettes avec un matériau dont j'ignore encore la provenance et une ville du futur avec des bouteilles de plastique vides et des capsules alu usagées de café que j'ai aplaties à coups de poing avec un plaisir indicible.
Bon, ça y est, je suis été voter... J'irai me confesser samedi prochain car je ne pouvais être fier d'aucun de mes choix mais j'ai glissé quand même un bulletin dans l'enveloppe et l'enveloppe dans l'urne.
Du coup je suis une goutte d'eau responsable de ce qui peut advenir dans les prochains jours... ou pas.
Bon, un moment de honte étant vite passé, après être sorti en rampant entre les jambes du policier municipal du bureau de vote, je suis passé par un chemin autre que celui de mon arrivé et du coup, devant les affiches des candidats.
Là, j'avoue avoir eu en même temps un petit plaisir et une réelle jalousie de ne pas y avoir songé avant celui qui avait réalisé la chose : le caviardage d'affiche !
Deux étaient ciblés mais celle de l'extrême brun était déchirée. Je n'ai donc pu lire l'inscription et je n'en ai éprouvé aucune peine, au contraire.
Mais en passant devant l'affiche du VRP des Rillettes qui trichent, dont le slogan était : "Une volonté pour la France" j'ai pu constater que le "e" de une et les 4 dernières lettres de volonté avaient été passés au feutre noir. Ainsi de "Une volonté pour la France", on passait à Un vol pour la France".
Que du bonheur.
Bravo et merci à toi, audacieux inconnu qui fait cela.
Tu as sept ans, huit peut-être, les cheveux blonds, pas très bien coiffés. Ton petit nez enrhumé est mal mouché. Il pointe entre deux joues rouges qu'aucun sourire ne marque. Tes mains aux ongles un peu noirs ne remuent pas comme elle le font de coutume, tripotant ta trousse ou un stylo, une gomme ou autre objet de distraction.
Ce matin, tes yeux bleus dans le vague fixent le mur de la classe, le traversent pour se perdre dans l'immensité triste de ton for intérieur. Tu ne bouges pas, insensible à ce que dit la maîtresse qui déroule son cours de français. Ta tête est posée sur la table, de côté, le dos légèrement courbé, les fesses à moitié sur la chaise. Tu ne bouges pas, prostré dans ton silence.
Une larme perle de ton oeil, coule le long de ton nez puis tombe sur ta table d'écolier. La petite flaque de mélancolie contient tout ce que tu as de chagrin. Tu es envahi d'une souffrance indicible ; tu es souffrance. Rien ne t'apaise, les gouttes salées naissent, grossissent, rejoignent une à une la petite mare. Pas un bruit, tu ne gémis pas, tu ne te plains pas. Tu pleures, simplement ; te vides de ta peine incommensurable. Même les mots maladroits des adultes qui tentent de te venir en aide ne suffisent pas à éponger ton abattement.
Petit bonhomme, je sais que ta vie n'est pas drôle. Je sais que tu as en toi les ressources dans lesquelles tu puises souvent pour faire contre mauvaise fortune bon coeur. Je sais que ce n'est pas tous les jours facile, déchiré que tu es par une vie qui est bien chienne.
Et moi, je suis là, comme un con, sans rien pouvoir t'apporter qui puisse te rendre cette bonne bouille espiègle, ces yeux brillants d'intelligence, pas celle de l'école, mais celle de la vie. Je suis là, impuissant devant tant de désolation.
Dans cette VDM*, il existe parfois des petits bonheurs. Par exemple, retrouver le sac aspirateur qu'on cherche depuis deux plombes pour remplacer celui qui a explosé dans l'aspirateur...