Publié le 31 Janvier 2015
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Étonnant. Oui, vraiment étonnant la perception que l'on peut avoir des choses. Ainsi, des images du regroupement des chefs d'état et/ou de gouvernement en hommage au victimes du 7 janvier 2015, à Paris, il en a plu dans les médias. On pouvait les voir à loisir, mais elles gardaient ce côté "médiatique", distancié dans l'espace et le temps, comme toute image d'actu, si poignante soit elle.
Mais là, quand la photo, en l’occurrence celle qui figure ci-dessous, qui ressemble à tant d'autres images prises ce jour-là, à ce moment là, vous est proposée par quelqu'un de très proche... ça change la donne. En tous cas pour moi.
Sensation inédite de véracité, impression de réel, gommage de l'artifice télé-visuel. Fascinant retour à ce que dit Roland Barthes in La chambre claire*, déjà cité sur ce blog. Cette image me point, mais pourquoi donc ? Non parce que je connais de ce que je vois. Non parce qu'il y a dans l'image un élément qui me touche plus qu'il toucherai mon voisin.
Non, cette image me point car elle a été faite par une personne qui m'est intime. Cela confère donc à ce témoignage une emprunte indéniable sur la vérité de l'ici et maintenant que je vois de ce qui fut réalité ailleurs, dans un temps autre.
Je précise que j'aurais pu choisir une autre image. Je ne glorifie pas particulièrement ce rassemblement de politiques, loin de là. Mais leur image est tellement banalisée, tellement lissée sur les médias, qu'il m'a semblé plus symptomatique d'illustrer mon post avec cela plutôt qu'avec une image plus anonyme, tout en ne niant pas la valeur de cette dernière.
Pour qui, comme moi, aime la photographie et s'interroge sur le sens de l'acte photographique autant que sur les objets produits, l'expérience est forte. Merci à toi, Annie de m'avoir fait vivre cela.
* dont je recommande vivement la lecture à celles et ceux qui s'intéressent à la photo.