
En ce jour de souvenir du martyr de tous ceux qui ont été déportés,
parce ce que mon père a subi cela en 1944 en Allemagne
parce ce que l'histoire bégaie et que d'autres l'ont subi, dans d'autres pays il y a si peu de temps
parce ce qu'il est si facile d'arriver à des situations extrêmes comme j'en vois avec l'exemple effrayant de la turquie,
parce ce qu'il n'y a pas que le fanatisme religieux qui peut conduire à la catastrophe,
parce ce que mon père, encore lui, m'a dit un jour que son plus grand regret, après cette épouvantable seconde guerre mondiale, c'est de constater que l'Europe ne s'était construite que tardivement et maladroitement
parce ce que cette Europe, avec tous ses défauts, a permis un équilibre, certes fragile, mais qui a préservé la paix pour ses pays fondateurs
parce ce que je crains que les mots Liberté, Egalité, et surtout, par les temps qui courent, Fraternité, soit dévoyés, vidés de leur sens.
parce ce que mai 2017 n'est pas avril 2002, que l'effritement des blocs classiques était annoncé bien avant les résultats du premier tour et qu'il n'y a pas vraiment eu de surprise pour moi à l'annonce des prétendants à la présidence,
parce ce que, si j'ai été peut-être naïf et très déçu par la façon dont Chirac a pris en compte ce résultat de république bananière à 81% des suffrages en sa faveur, je reste convaincu qu'avec les ralliements tous azimuts pré-premier tour pour En marche, son leader sera obligé de composer s'il veut pouvoir gouverner,
parce que, quoi qu'il advienne, il faudra lutter pour préserver nos droits,
parce que je me résous à boire une potion très amère pour contrer une pathologie catastrophique,
parce ce que je préfère aux discours de promesses impossibles à tenir des paroles qui ne vendent pas la lune aux gens dans la peine,
parce ce que des proches, amis, famille, collègues, dont la pensée et les actes quotidiens sont plus sociaux que libéraux, refusent de choisir entre les deux candidats, tout en disant leur répugnance pour l'extrême droite,
parce ce qu'attendre ce que disent les sondages pour savoir s'il faut ou non aller faire barre à la candidate qu'on refuse me semble trop facile et irresponsable,
parce ce qu'enfin, ne pas choisir, même si le vote utile ne m'amuse pas du tout, c'est ouvrir un boulevard à une extrême dont je ne veux pas, absolument pas,
j'écris ces lignes, non par esprit polémique, mais pour apporter quelques arguments. J'ai mis du temps à les produire, j'ai voulu y réfléchir. Je me suis retrouvé en 2002 dans la même position impensable, sous l'effet du choc. Ma réaction à l'époque a été plus reptilienne que réfléchie, instinct de protection obligeait. Aujourd'hui, après une victoire annoncée du mouvement En marche par les sondeurs, j'ai vite pensé à la fable Le lièvre et la tortue, je me suis vite dit que la victoire, ou la défaite n'advient qu'à l'ultime seconde et qu'il faut rester vigilant jusqu'au bout.
En conséquence, j'irai voter,
je refuserai le choix, que j'estime dangereux, du bulletin blanc ou nul
je voterai, sans plaisir aucun mais sans hésitation, en mon âme et conscience pour Macron sans pour autant considérer que je lui donne un blanc seing. L'adresse mél de son mouvement ayant été facile a trouver, je vais envoyer un message bien avant d'aller voter afin de lui dire pourquoi j'ai fait ce choix et que celui-ci est un vote contre et non une carte blanche.
Je sais que je risque d'avoir des commentaires incendiaires... j'assume et continue à vous aimer car je sais aussi qu'avec vous, la discussion est possible.