QU'AU VIDE
Publié le 14 Mars 2025
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Aujourd'hui, nous sommes le vendredi 14 mars. Il y a 5 ans, c'était un vendredi 13... tu parles d'un jour de chance. Ce jour là, la Direction Départementale de l'Éducation Nationale a demandé à toutes les écoles du département de Meurthe et Moselle - et cela a été identique dans tous les départements de France et de Navarre - de prévenir les enfants qu'ils ne reviendraient pas à l'école le lundi 16...
Plus d'école en présentiel. Nous, enseignants, ce 16 mars, devions nous réunir pour préparer la suite. Une suite à imaginer, inventer, due à un putain de virus, nommé COVID, inattendu, mondial, qui bousillait les femmes, les hommes, partout et nous privait de la présence de nos élèves.
Ce fut mon dernier jour d'école avec les enfants... dans les écoles. Faisant partie des personnes à risque, mon médecin m'indiqua le samedi 15 mars, après quelques hésitations, quelques vérifications, que je ne devais pas rejoindre mon lieu de travail le lundi car le risque létal était trop important.
Dès lors, je me retrouvai assigné à domicile. Mes collègues en pleine santé devaient se retrouver le lundi suivant pour construire un suivi scolaire inédit. Elles/ils firent preuve, bien, avant que les directives du ministère ne tombent, d'une inventivité hors norme, d'une énergie et d'une envie d'enseigner extraordinaire.
Je ne crois pas à la vocation d'enseignant. Je crois à l'engagement, au sérieux, au professionnalisme. Elles, je dis elles car l'enseignement prodigué dans les deux écoles où j'exerçais comme maître E de RASED, était fait par des femmes, des maîtresses ; elles prirent les choses en main dès le premier jour du confinement.
Trouver des solutions, imaginer comment transmettre ce que l'on doit, hiérarchiquement, légalement mais surtout humainement, à tous ces enfants de maternelle et d'élémentaire pour qu'elles/ils deviennent des femmes/des hommes... notre avenir. Sans attendre quelque directive venue des hauts lieux, elles surent quoi faire, comment organiser les choses.
Les enseignantes/enseignants ne sont pas des enfants, des élèves à qui il faut tout dicter, comme souvent leur hiérarchie incline à le faire penser. Les enseignantes/enseignants ont un cerveau, sont au plus près du terrain, au plus près des gamins, les mains " dans le cambouis " Elles/ils n'attendent pas les injonctions hiérarchiques, elles/ils pensent, anticipent, s'engagent.
Merci à vous, mes collègues des écoles Jules Romains et Saint-Exupéry, pour tout ce que vous avez mis en œuvre pour les élèves du Réseau d'Éducation Prioritaire en cette foutue année 2020. Ces gamins doivent beaucoup à votre professionnalisme.
La France et ses politiques vous ont remerciées, comme on remercie sans reconnaissance ultérieure. Moi, je vous remercie, en connaissance de cause, et si je n'ai aucune couronne de lauriers à vous offrir, je sais ce que vous avez fait pour les enfants, et je vous en sais gré. Merci les filles. Vous restez dans mon cœur.