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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 14:33

C'est de la colère...

Les caporaux aux ordres tirent à boulet rouge sur tout ce qui coûte, au mépris de ce que cela recouvre de sauvegarde des valeurs préservées par nos anciens.

Ici, cet internat, réservé aux enfants de parents à profession itinérante qui ferme après avoir élargi le champ de son activité sur ordre de l'inspection académique. Cette même inspection académique n'a même pas daigné laisser le temps nécessaire pour analyser si l'expérience était ou non fructueuse... Cette même inspection qui a sali les gens et leur travail pour se donner bonne conscience de fermer l'établissement en donnant à l'extérieur une image désatreuse du travail des fonctionnaires impliqués. Mensonge, ignominie.

 

Pour la première fois de ma vie professionnelle, j'ai pleuré sur le massacre programmé du service public d'éducation. Quand je suis entré au service de l'Etat, je l'ai fait, non pas par sacerdoce mais bien parce que les valeurs défendues étaient les miennes et que je trouvais fantastique de pouvoir les transmettre aux enfants, société de demain.

 

Je vous livre ici le discours poignant fait par une collègue avec qui j'ai aimé travailler, parce qu'elle a toujours servi l'état, à travers son action au bénéfice des enfants un peu "pas comme les autres", discours fait devant une salle béate d'effroi.

 

"En 1880, 1881, et 1882, Jules Ferry édicte trois lois qui rendent l'école respectivement laïque, gratuite, et obligatoire. C'est la base de ce que l'on a appelé "l'école de la IIIe République", mais qui est à l'origine de notre école actuelle.

Il est aussi l'inspirateur d'une organisation exemplaire du système de formation des maîtres : ces hommes graves vêtus de noirs, les "hussards noirs de la république", écrira Charles Péguy, véritables missionnaires laïcs, qui répandront dans les campagnes leur idéal de laïcité, de tolérance, et d'un savoir rationnel et éclairé. Ils étaient chargés d’une mission fondamentale : assurer l'instruction obligatoire, gratuite et laïque de tous les garçons et de toutes les filles de France afin de, comme l'avait déclaré Jules Ferry dès 1870, « faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui vient de la naissance, l'inégalité d'éducation ».

Je croyais, 130 ans plus tard, que cette mission était toujours la même.

Pourtant, il m’a fallu annoncer au mois d’avril à 14 enfants et à leurs parents  que malgré les sacrifices qu’ils faisaient pour suivre une scolarité régulière, l’Education nationale fermait l’internat.

Pourtant, il m’a fallu annoncer à mes collègues que la mission d’accompagnement scolaire et éducatif de ces enfants qui leur avait été confiée depuis des années n’était plus reconnue par l’Education Nationale.

Bien sûr, cela ne concerne ici et maintenant que 14 enfants (et non pas 5), 3 enseignants (et non pas 5), 2 assistants d’éducation et 1 lingère.

Mais n’y aurait-il pas d’autres exemples autour de nous ?

Alors, devons-nous aujourd’hui redéfinir le postulat de départ :

L’instruction obligatoire, gratuite et laïque au service de l’inégalité d’éducation ?

 

Je finirai par une citation de Charles Péguy extrait de L’argent du 16 février 1913

 

« Je voudrais dire quelque jour, et je voudrais être capable de le dire dignement, dans quelle amitié, dans quel beau climat d’honneur et de fidélité vivait alors notre enseignement primaire. Je voudrais faire un portrait de tous mes maîtres. Tous m’ont suivi, tous me sont restés obstinément fidèles dans toutes les pauvretés de ma difficile carrière. Ils croyaient, et si je puis dire ils pratiquaient que d’être maître et élèves, cela constitue une liaison sacrée et  que l’on n’a pas seulement des devoirs envers ses maîtres mais que l’on en a aussi et peut-être surtout envers ses élèves. Car enfin ses élèves, on les a faits. Et c’est assez grave. »

 

Merci à tous celles et ceux qui ont travaillé avec nous."

 

Merci à toi, chère collègue, de nous avoir rappelé tout cela, de nous avoir galvanisés pour qu'en 2012, ces saloperies passent derrière !

C'est de la colère...

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