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  • : Mon objectif est d'explorer l'inconnu d'une vie nouvelle, grâce, entre autres, à l'écriture. Le ton restera le même; souvent impertinent, parfois cynique mais toujours en tentant de garder ce qui nous permet encore de vivre dans ce drôle de monde, l'humour, dans tous ses états.
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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 13:08

Je sortais à peine des lieux d'aisance où j'avais pu, à grand plaisir, soulager mes flancs. Propre, comme maman m'avait appris à l'être enfant, j'étais maintenant occupé à savonner mes mains d'une douce mousse délicatement parfumée.C'est à ce moment précis qu'il entra.

Il me contourna pour atteindre la vasque murale où lui-même allait pouvoir épancher ses humeurs mauvaises, satisfaisant ainsi au plaisir du besoin naturel.

Face au lavabo, je rinçais mes mains d'une eau douce et limpide ; je pouvais, grâce au miroir sis au dessus du meuble devant moi, distinguer ce qui se jouait dans mon dos. Les urinoirs, au nombre de deux, étaient séparés, discrétion intime oblige, par une paroi verticale qui montait jusqu'au dessous d'aisselle d'un individu de corpulence normale.

L'homme se rendit tout de go vers la plus éloignée des vasques, s'installa dans la position de l’urineur debout, et, vraisemblablement, dans le plus grand calme, commença à se soulager. De mon côté, le finissais les ablutions. C'est à ce moment que le miroir me permit d'assister à la scène qui se déroulait derrière moi.

L'homme leva nonchalamment le bras gauche, posa le coude sur la séparation translucide et d'un même élan, vint loger sa joue gauche au creux de paume de sa main. A cet instant, je trouvai la chose amusante mais le tableau dura plus que de raison.L'homme était immobile, figé, de marbre. La lumière était douce, aucun bruit intempestif ne troublait l'événement quasi sculptural.

Cet immobilité m'interpela. L'homme était-il soudain pris d'une nostalgie profonde, ou bien frappé de cette terrible maladie de l'endormissement soudain, ou pire encore d'une cystite ravageuse qui pousse au goutte à goutte ? J'en restai fort intrigué.

Au moment où je me tournai vers le sèche mains pour parachever l'instant hygiénique, le tableau inédit s'interrompit, la scène s'anima ; l'homme se mût, quitta les toilettes sans mot dire.

L'instant qui venait de se dérouler dans le huis clos de cet endroit dédié aux petits et grands besoins, instant dont j'avais parfaitement distingué chaque moment, tenait de l'art statuaire. La posture m'avait fait penser à ces bronzes de la seconde moitié du 19ème, sculptés par le mentor de la belle Camille Claudel.

Indéniablement, je venais de croiser le Pisseur de Rodin.

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