Avez-vous remarqué que certains conférenciers ont des tics de langage ?
Mes collègues et moi avons eu le bonheur de vivre un grand moment il y a peu, lors d'une formation pendant laquelle l'intervenante ponctuait son discours de "voilà", comme terme conclusif, façon d'appuyer son propos mais aussi à tout va, en remplaçant un mot, une idée, un pan entier de phrase par le gimmick.
Cela pouvait donner quelque chose du style :
Alors voilà, sur les tablettes numériques dont vont être dotées vos... voilà, il y a une multitude de voilà, que vous pourrez télécharger, sur le site voilà et avec lesquels vous pourrez faire travailler de façon autonome ou voilà, vos... voilà !
Bref, après avoir été dans un premier temps surpris, dans un second amusés, dans un troisième circonspects sur la suite de la journée, dans un quatrième un tantinet agacés par la réitération, dans un cinquième positivement morts de rire tant la chose devenait pathologique, nous avons fait comme les mauvais élèves en commençant à dénombrer les voilà... Impressionnant. Il en tombait plus qu'à Gravelotte ! Et le plus étonnant est que, finalement, nous comprenions tout de même l'essentiel du discours.
Ainsi, si le lexique des mots précis devient inutile et peut aisément être remplacé par un seul et même mot, redit à loisir, alors le propos si dessus deviendrait :
Alors voilà, sur les voilà numériques dont vont être voilà vos... voilà, il y a une voilà de voilà, que vous pourrez voilà, sur le voilà voilà et avec voilà vous pourrez faire voilà de voilà autonome ou voilà, vos... voilà !
Et si ça marche, pourquoi ne pas remplacer chaque mot par voilà, ce qui donnerait ceci :
Voilà voilà, voilà voilà...
Par mesure d'économie on pourrait alors synthétiser la chose en un seul "voilà", tant la polysémie du terme et sa faculté à remplacer tout et n'importe quoi sont importantes.
Ce qui nous conduirait à arriver dans la salle de conférence, d'entendre un "Voilà" essence même de la totalité de la journée, de repartir illico, sans oublier de remercier chaudement l'intervenante pour la somme de travail fourni.
Cela aurait le mérite de réduire considérablement la mobilisation, pour laisser aux spectateurs, le loisir de retourner très vite devant leurs élèves ou à leurs tâches administratives. Bref, une vraie économie de temps, de patience, d'énergie.
Et voilà !