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Mon objectif est d'explorer l'inconnu d'une vie nouvelle, grâce, entre autres, à l'écriture. Le ton restera le même; souvent impertinent, parfois cynique mais toujours en tentant de garder ce qui nous permet encore de vivre dans ce drôle de monde, l'humour, dans tous ses états.
La loi de Murphy, c'est quand tu pleures parce que précisément t'es sous le coup de la loi de Murphy, que tu prends un mouchoir pour te moucher et qu'il te pète entre les doigts...
« J’ai pas peur de l’avouer, j’avais quarante ans passés, eh bien, le jour de la mort de Brassens j’ai pleuré comme un môme. J’ai vraiment pas honte de le dire. Alors que – c’est curieux – mais, le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois des moules. »
Pierre Desproges
Aujourd'hui, c'est le cinquième anniversaire de la mort de Margaret Thatcher et je crois bien que je vais aller acheter des moules pour en reprendre deux fois alors que dans dix jours, ce sera le trentième anniversaire de la mort de l'auteur des mots ci-dessus. Là intellectuellement, je vais verser des larmes. Si tu pouvais savoir comme tu nous manques Pierre...
Mots si doux, que je n'ai jamais pu prononcer en présence de ceux qui, via mes parents, m'ont transmis la vie.
Mots sucrés qui lient les extrêmes de la fratrie, emplis de la connivence entre l'enfant en devenir et l'homme sage au terme de sa vie, de la femme âgée, protectrice et complice, délivrée du fardeau éducatif pour ne céder qu'au bonheur de câliner.
Mots promesse de la transmission du savoir, de l'histoire familiale. Lien avec l'avant soi.
Mots plein de ce que m'ont raconté les grands. Mon frère, mes soeurs, qui, lui et elles, ont eu le bonheur de connaitre ces grands parents. Pas tous, car l'un d'eux n'a pu voir grandir ses enfants, emporté par la maladie il y a de cela plus de quatre-vingts ans.
Mots d'envie et plein d'une tristesse jalouse de n'avoir pu éprouver ce qu'est la sage affection d'un ancien.
Certes, j'ai connu pendant ma petite enfance, mon grand père paternel, le seul des quatre aïeux à vivre encore à ce moment là, la faucheuse ayant moissonné mes grands mères tout juste un an avant ma naissance pour la première puis un an après pour la seconde.
Mais ce grand père, je ne l'ai jamais appelé Papy. C'était un vieux monsieur, d'une insondable tristesse. Vieux monsieur quasi statufié, mégot aux lèvres, presque immobile en lisant L'Est Républicain, le journal régional. Lorsqu'il bougeait, fatigué par la vie, il se mouvait au ralenti, à petits pas. Je ne l'ai jamais appelé Papy.
Je n'allais pas vers lui. Il ne venait pas vers moi. Pas de souvenirs d'embrassades, de sourire, de tendresse. Pourtant, je sais qu'au delà de la cuirasse forgée par une vie de labeur et de malheur, il y avait au fond de lui cette humanité, cette empathie. Là encore, les récits familiaux en témoignaient. Vieux monsieur éreinté, dont l'énergie et l'envie de vivre baissaient à mesure du temps.
Il n'était pas Papy. Il était Pépère. Rugosité du terme, dureté de l'homme. Assis. C'était un grand père assis. Je réalise maintenant que les rares souvenirs que j'ai gardés de lui sont ceux là. Un grand père assis, ou se déplaçant très peu, trop peu, pour venir prendre son repas avec nous, les enfants et leur mère, sa bru, seule. Chagrin pétrifié, intériorisé, qui le rendait presque mutique, et sombre, le plus souvent.
Jamais une promenade au jardin, jamais une explication sur ce qui avait été son métier, ébéniste. Pourtant, avec l'or qu'il avait dans les mains, avec ses outils qui me fascinaient, il aurait pu dire les choses, nous apprendre. Mais rien. Rien sur sa vie. Il ne bougeait pas. Il ne parlait pas. Il attendait. J'ai mis du temps à comprendre cela, ou plus exactement à comprendre pour pouvoir l'accepter, sans jugement.
Papy... Mamy...
Mots que j'aurais tant aimé dire, en prenant dans mes bras ces boules de tendresse que doivent être les grands parents. Je ne saurai jamais ce plaisir. Je peux l'imaginer, seulement. Je n'aurai jamais connu le bonheur d'écouter une histoire lue par un vieux sage au visage labouré de rides, une chanson fredonnée par une vieille dame qui sent bon le parfum léger et le gâteau qui cuit au four. Je peux l'imaginer... mais l'image construite n'est pas le souvenir. L'image est virtuelle, le souvenir, vivant, ancré dans le concret de l'expérience vécue.
Papy... Mamy...
Je ne vous ai pas connus, ou si peu, si mal... cependant, vous me manquez terriblement.
Dis donc, la Camarde, il y a des puissants abrutis à qui tu pourrais t'en prendre au lieu de faucher des gosses qui rentrent du collège. C'est trop facile !
Ce matin, bien au chaud dans mon lit, juste avant de mettre le pied par terre, je me disais que je n'avais pas envie du tout de mettre le pied par terre.
Et je l'ai tout de même fait pour aller au labeur, gagner mon pain quotidien, ainsi que ma moutarde, mon sel et mon poivre quotidiens car le pain quotidien sans rien, pouah que c'est fade.
Ceci fait, un peu avant midi et après avoir acheté mon pain quotidien que j'avais gagné à la force de la sueur de mon front et pas que là, je suis remonté dans ma voiture afin de rentrer à la maison pour déguster le pain quotidien, gagné et acheté, enduit de moutarde, saupoudré de sel et de poivre parce que sinon bof.
J'étais en train d'effectuer la délicate manoeuvre du recul quand un jeune homme vint à ma voiture, côté place du mort. Il ne réclama pas d'être trucidé pour pouvoir s'y assoir mais me fit un signe que j'interprétai de la façon suivante : "Pouvez-vous ouvrir la vitre côté place du mort car j'ai à vous entretenir d'un sujet important sans toutefois que son importance nécessite que je contourne votre véhicule pour aller du côté de la place du vivant, à dire la vôtre"
Bien qu'étant assis à ma place, soit à côté de la place du mort, donc étant vivant car onc ne vit conduire un mort, je m'exécutai, si j'ose dire.
Une fois la vitre ouverte, le jeune homme me salua fort civilement et me demanda : "On a trouvé une canne sur le parking, ce ne serait pas à vous ?"
Après avoir répondu poliment que non, je refermai la vitre, côté place du mort, enclenchai la première, orientai le volant légèrement à droite, démarrai tout de go en roulant sur l'impudent et suivis mon chemin, sans même m'arrêter pour le glisser à la place qui lui était maintenant due, à dire celle du mort, à mon côté.
Ici des innocents qui se baladaient sur les Ramblas à Barcelone, là une vieille dame, rongée par le crabe insidieux. Putain de mois d'août, salope de camarde.
Discours de politique générale du premier sinistre hier, restriction dans moult domaines. Même la fréquentation du blog est impactée... moyenne depuis début juillet : 6 visiteurs par jour.
Période de disette... quand ça veut pas, ça veut pas.
Bon... je me rends compte que j'ai remis 4 jours avant d'écrire... Un post par ci, un par là, mais pour l'instant, l'idée de série est un peu en stand by.
Je ne suis pas un artiste, je ne me produits pas sur scène, je ne fais pas de CD, je n'édite pas de livres... mais moi aussi, comme vous, comme tous ceux pour qui liberté d'expression, partage des bons moments... veut dire quelque chose, je suis sidéré par ce qui s'est passé.
Beaucoup plus difficile qu'en janvier d'écrire, les idées ne viennent pas avec la même spontanéité. Chape de plomb sur l'esprit. Douleur sourde qui point à chaque instant. Combat incessant entre le cerveau reptilien, celui de la peur et de la réaction instinctive, et les parties où siègent la raison... Avoir peur/résister, mordre/réfléchir avant d'agir...
Le temps de l'écriture régulière reviendra, mais la blessure est là, brûlante, sur celle à peine cicatrisée de janvier ; rien en regard de ce qu'ont subi celles et ceux qui ont été assassinés, ou blessés dans leur chair, dans leur esprit, mais présente...
Hier... vendredi 13, avec le premier groupe de petits élèves avec qui je travaille, j'explique ce qu'est un vendredi 13, superstition bénéfique en principe, ou maléfique... c'est selon.
Je ne croyais pas que le soir même, je toucherais du doigt la chance.
Chance d'entendre la voix de mon fils, domicilié à Paris et y travaillant, qui me rassurait sur son sort, sur celui de sa compagne, après les tueries des différents points de la capitale.
Chance d'apprendre que ma nièce, son compagnon, ses filles, bien que résidant boulevard Voltaire, entre Le Bataclan ensanglanté et la rue Charonne, où gisaient les corps d'innocents, étaient à l'abri des sauvageries.
Chance de savoir que dans leurs relations, proches, amis, copains, relations de travail... aucune victime de la barbarie ne figurait.
...
A cette heure, je pense à celles et ceux pour qui ce vendredi 13 n'a pas été tourné du côté positif, à celles et ceux pour qui cette date sera à jamais synonyme d'une douleur indicible, celles et ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir encore entendre la voix de celles et ceux qu'elles/ils aimaient.
Il n'y aura pas d'autres posts aujourd'hui. Seul le silence est tolérable.
Est revenu ce jour
Le doux temps
De la soupe
A la chaleur du gîte.
Contre le froid d'automne
Dans le rouge des arbres
Brille un soleil lassé
Par le travail d'été.
Temps du repli sur soi
Apaisement de l'âme
Au sein de la maison
Ou à côté du feu
Pour mieux y méditer.
Avant que la camarde
Soit au seuil de la porte
Pour réclamer son dû
Goûter ce qui est là.
Nourritures terrestres
Mais aussi de l'esprit
Chaleur d'une caresse
D'une main doucement
Qui vient prendre la notre
Pour nous réconforter
Et nous faire comprendre
Qu'il y a des choses à faire
Que tout n'est pas fini.
Réfléchir à la vie.
Il faut en profiter
Et goûter ses délices
Tant qu'il en est possible.
Célébrations en tous genres sur cette saloperie de première guerre mondiale.
Etant gosse, je n'ai pas eu la chance de bien connaitre mes grands parents, partis ou bien trop tôt, ou juste avant ma naissance, ou juste après. De fait, je n'ai connu qu'un seul grand père, on l'appelait Pépère.
Veuf, il était triste, quasi mutique. Je n'ai pas eu le temps de me souvenir d'un sourire, il est parti trop tôt lui aussi. Trop tôt pour que je puisse écrire ma propre histoire, forcément imprégnée de la sienne.
Je savais qu'il avait fait cette guerre que l'on dit grande. Je le savais comme on sait, intuitivement. Je le savais, non de sa bouche, mais des livres feuilletés chez lui, pendant qu'il lisait le journal, de son côté. Je le savais aussi, grâce à mon père. Ce dernier m'avait appris que son propre père, engagé volontaire, s'était rebiffé, comme bien d'autres. La rébellion s'était soldée, non par un peloton d'exécution, mais par Biribi.
Pour le gosse que j'étais, Biribi avait pris une étrange connotation, hors du temps et de l'espace. Biribi était LA punition de mon grand père. Ce mot est ancré en moi, comme le nom des camps où le fils de Pépère a été déporté. Terrible vie pour eux, terrible héritage pour nous, enfants et petits enfants.
Biribi... je n'en ai pas entendu parler au moment de se souvenir. Je ne jalouse pas la mémoire des pauvres gars passés par les armes, je regrette jusque que n'aient pas été cités aussi tous ceux qui ont été envoyés dans ces bataillons disciplinaires d'Afrique du Nord. Biribi et ses sévices, dont celui de la tente plantée en plein soleil juste au dessus d'un soldat puni, très près du corps, pour que l'effet four soit patent. Cette torture n'était pas la seule, mais mon Pépère l'ayant vécue, elle prenait une acuité particulière pour le gamin que j'étais.
Biribi rime avec saloperie... aussi ! Celle des supérieurs zélés, inhumains jusqu'au trognon.
En souvenir de ce qui s'est passé et hommage, je vous dédie, à toi, mon grand père trop peu connu, à toi mon père, à vous tous les hommes martyrisés ici et là, il y a longtemps et aujourd'hui, cette chanson politiquement incorrecte, d'Aristide Bruand
A Biribi
Y''en a qui font la mauvaise tête au régiment
Les tires-au- cul ils font la bête inutilement
Quand ils veulent plus faire l'exercice et tout l'fourbi
On les envoie faire leur service à Biribi à Biribi
A Biribi c'est en Afrique où qu'l'plus fort
L'est obligé d'poser sa chique
Et de faire le mort
Où que l'plus malin désespére de faire chibi
Car on peut jamais s'faire la paire à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on marche faut pas flancher
Quand l'chaouche crie "en avant marche" il faut marcher
Et quand on veut faires ses épates c'est peau d'zébi
On vous met les fers aux quat' pattes à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on créve de soif et d'faim
C'est là qu'il faut marner sans trêve jusqu'à la fin
Le soir on pense à la famille sous le gourbi
On pleure encore quand on roupille à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on râle qu'on râle en rude
La nuit on entend hurler l'mâle qu'aurait pas cru
Qu'un jour y s'rait frocé d'connaitre Mamzelle Bibi
Car tôt ou tard il faut en être à Biribi à Biribi
On est sauvage lâche et féroce quand on r'vient
Si par hasard on fait un gosse on se souvient
On aimerait mieux quand on s'rappelle c'qu'on subit
Voir son enfant à la Nouvelle qu'à Biribi qu'à Biribi
Quand j'vais à la mer, c'est toujours tout plat. C'est une vague comme ça que j'veux voir... bouhhhhh !
Spéciale dédicace à Nini, ma mayennaise préférée, qui se met en 4 pour m'emmener voir la mer démontée mais qu'on la voit jamais... la mer... pas Nini !