Aaahhh faut pas vieillir ! Si la tête est là, le corps a parfois du mal à suivre. Ainsi, ayant usé et abusé de la position assise en voiture ces dix derniers jours, ramassé des mirabelles dans des positions inadéquates, donné un coup de main pour vider une maison bientôt à vendre... je me suis payé une bonne douleur à la cuisse droite.
D'abord, j'ai cru à un claquage, mais non, un claquage, comme son nom l'indique... claque, et ça s'entend. J'ai déjà vécu l'expérience du son du coup de fouet jumelé avec la sensation d'un coup de faux dans les guiboles.
J'ai donc ensuite penché pour la contracture musculaire tant la douleur était intense. Et puis non, pas ça non plus.
Comme ça irradiait du haut du rein droit, façon poignard, jusque sous le creux poplité - c'est joli comme nom ! - en passant par la face interne de la cuisse, je me suis auto-diagostiqué une belle cruralgie, comme on aimerait en avoir plus souvent.
Du coup, en bon pseudo médecin que je suis, hop, auto-médication et cure d'anti-inflammatoires... Tout faux... je vais être obligé de repasser le certificat "La cuisse droite de l'homme, son oeuvre, sa vie, ses peines !"
En effet, l'heure de la reprise ayant sonné, je suis allé faire ma pré-rentrée jeudi en tirant la patte. Assis une grande partie de la journée pour recevoir la bonne parole sinistérielle et administrer l'organisation du gagne pain, la partie sensible - la cuisse, mes enfants, uniquement la cuisse - n'eût pas le repos/répit escompté pour qu'au jour de la vraie rentrée, avec des morceaux d'enfants dedans, mon corps d'athlète soit à 100% restauré.
Et hier soir, fourbu, quand j'ai voulu regarder ce qui me picotait la face interne de la cuisse droite, façon petite brindille plantée dans la couture du pantalon... surprise, étonnement et tout de même un rien d'inquiétude : du bleu sur une surface supérieure à mes deux mains. Mon Jean avait-il déteint ? Non, car la couleur attestait d'un épanchement sanguin semblable à ceux que l'on voit quand on se fait un bleu - le mot est juste, diantre -
Il était trop tard pour alerter le praticien. Je résolus donc de dormir, fermement décidé à consulter la faculté dès potron-minet. L'homme de l'art m'ausculta, examina la tache, constata l'ampleur des dégâts et finit par me rassurer. Aucun de mes diagnostiques de comptoir n'avait tenu. Il s'agissait simplement de l'éclatement de vaisseaux sanguins dû à la fatigue, aux efforts et aux médicaments que je prends quotidiennement pour parer une nouvelle embolie.
Quel ravissement, moi qui en dernière instance pensait que j'étais en train de me transformer en Schtroumpf par la cuisse droite, je fus bien rassuré et fort heureux de pouvoir quitter le cabinet médical sans craindre un mauvais coup de la Camarde. Serein, j'ouvris la porte pour sortir et m'affalai à terre ; j'avais juste oublié que le médecin venait de me couper la jambe...