Quoi de plus intéressant que les conversations à bâton rompu entre collègues, dans l'heure de midi, à propos de tel ou tel usage de la langue que nous sommes en devoirs, bons soldats de la Républiques que nous sommes, d'enseigner à nos chères têtes blondes et moins blondes.
Ainsi, il y a peu, la conversation tourna autour de l'apprentissage de la négation, avec ce petit artifice de "la paire de lunette", un verre "ne", un verre "pas", qui aide les élèves à saisir que "ne" arrive avant le verbe et que "pas" lui succède, formant ainsi les bésicles citées, accrochées au nez de la phrase négative.
Et mes collègues de dire que les enfants avaient du mal à apposer chacun des verres négatifs de part et d'autre du verbe, avec toute la litanie des remarques que l'enseignant peut faire quand il rame à faire entrer la notion dans des têtes rétives.
J'eus l'outrecuidance d'avancer que la possibilité du monocle existait itou, le verre "pas" n'étant pas indispensable à la négation alors que le verre "ne", lui, si.
Tudieu ma mère, les boucliers se levèrent. La négation était double, un point c'était tout. L'affirmation était péremptoire et inconditionnelle. Comme disait mon beau père... on marche sur deux jambes !
Sur de mon fait, j'insistai... et bien sur, la gent pédago-féminine m'intima sur le champ et illico de produire l'exemple propre à contredire... leur dire. La chose ne me vint pas immédiatement à l'esprit et je bredouillai une phrase indigne de figurer au Trésor de la Langue Française.
Nonobstant, après un échange où j'admis bien volontiers que la statistique donnait raison à mes collègues sur l'usage le plus fréquent des binocles "ne"-"pas" en regard de celui du simple monocle "ne", je dus accepter l'humiliation, sympathique au demeurant, d'être relégué au rang des martiens qui causent la France pas comme les autres.
De cet épisode, je gardai à l'esprit l'idée de leur apporter un peu de ce langage ésotérique qui fait la richesse de notre langue. Ainsi, me plongeais-je dans les dictionnaires, grammaires et autres encyclopédies qui rendent intelligent le futur tas de poussière que nous redeviendrons, une fois la camarde passée.
La délectation m'envahit et je m'arrêterai à cela pour ne pas verser dans l'inconvenance. Mais voilà, mes exemples flambaient au fronton desdits ouvrages. Je pose ici un lien qui m'a comblé d'aise, conversation d'amoureux, plus ou moins spécialistes, de la langue.
J'ai donc décidé, en hommage taquin à mes collègues que j'estime et dont l'engagement pédagogique n'a d'égal que l'amitié qui nous lie, de leur dédier les quelques lignes qui suivent...
Mes chères collègues
Je ne sais si mes mots
Vous auront offensées
Je n'ose imaginer
Que la belle amitié
Qui ne peut s'étioler
En subisse le coup
Et si c'était le cas
Je ne cesserai d'être
Votre humble serviteur
Votre ami, l'Histrion
Qui ne manquera d'être
Toujours à votre écoute
Quelle qu'en soit le tribu
Je ne daigne m'asteindre
A vous tourner le dos
Et je ne peux qu'aimer
Cette belle amitié
Qui au cours des années
Ne bougera, c'est sur...
Hi hi hi !
Spéciale dédicace à Nath, Blandine, Mymi, Chloé, Fatiha, Céline