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Mon objectif est d'explorer l'inconnu d'une vie nouvelle, grâce, entre autres, à l'écriture. Le ton restera le même; souvent impertinent, parfois cynique mais toujours en tentant de garder ce qui nous permet encore de vivre dans ce drôle de monde, l'humour, dans tous ses états.
Cette année, comme tous les ans, il y aura la fête des mères, méritantes, forcément.
Mais si on faisait la fête des maires ? Car une majorité d'entre elles/eux s'est remonté les manches pendant cette foutue période pour s'inquiéter des habitants de leur commune et les aider si besoin.
D'avance, merci à elles, merci à eux et bien sur, merci à tout le personnel communal qui est resté au front.
Il est grand temps de vous en informer, car le mois s'achève ce soir à minuit.
Le dicton ne sera plus
" En avril, ne te découvre pas d'un fil "
mais, compte tenu de toutes les entorses faites par un certain nombre de français(es) qui se croient au dessus des lois et préconisations en période de confinement
11 mai... reprise annoncée pour les enfants des écoles élémentaires.
Et la cantine alors ?
Pas de panique, il y a des solutions simples : le masque comestible !
- 2 tranches de pain de mie complet, pour filtrer correctement
- 1 feuille de salade, pour faire barrière
- 1 tranche de jambon de porc ou de dinde, pour que le virus glisse
- un peu de moutarde pour qu'il s'enlise et meure à son tour en toussant
Hop, facile, le gosse a ça sur le pif, attaché avec deux élastiques, toute la matinée et à midi, miam miam, en classe. Pas de perte de temps et l'enfant est rassasié.
Reste l'après-midi... comment parer à ça ?
Une fois encore, il faut faire simple :
- 1 tranche de pain de mie, comme ci dessus.
- 1 pot de Nutella
Comme le matin, la tartine sur le museau, et ça tout l'après-midi...
Pour plus d'efficacité, il est conseillé de tartiner le pot entier de Nutella sur le pain afin que Coco19 s'englue et crève d'une crise de foie.
16h30, le goûter est prêt ET EN MÊME TEMPS, le virus est mort, ou bien malade...
J'ai expérimenté depuis plusieurs jours la chose avec deux classes différentes de cycle III animées par leurs enseignantes respectives.
Gamins très investis, super attentifs et relativement sérieux dans l'utilisation de ces outils numériques.
Très sympa, mais... Mais les collègues, dites modulateur, qui animent les séances finissent complètement rincées. Chapeau à elles, car non seulement il faut gérer l'outil technique, gérer le contenu didactique, en faisant montre, comme d'habitude, d'une pédagogie qui ne laisse personne au bord de la route, tout en gérant aussi la prise de parole des élèves. Un vrai chalenge.
En effet, en classe, l'interaction se fait dans le groupe, la gestuelle de celle ou celui qui intervient ou répond étant vue par TOUS. Alors qu'en visioconf... ce n'est pas un groupe humain, c'est un ensemble de vignettes qui apparaissent et disparaissent de l'écran en fonction de l'intervention de l'un ou de l'autre.
Imaginez vous en classe, avec, à la place d'une vision globale, une vue fragmentaire et quasi ponctuelle qui oblige à sauter d'un individu à l'autre... crevant.
Tout ça pour en venir à l'état de fatigue dans lequel se trouve le modérateur après avoir fait cours de cette façon...
Pour illustrer l'état de fatigue en fin de session, le propos d'une des collègues, s'adressant à la maman d'une de ses élèves, à la maison avec sa fille : " Pourrez-vous m'envoyer le dessin de la photo de votre fille ? " au lieu de " Pourrez-vous m'envoyer la photo du dessin de votre fille ? "
On voit bien que si l'idée était là, l'influx nerveux qui pilote le langage avait été un peu perturbé par un passage au dessus du triangle des Bermudes...
Du coup, il aurait fallu que ma collègue ajoute : " Pour pouvoir me l'envoyer en MMS, pouvez vous faire une photo du dessin de la photo de votre fille qui a fait le dessin que j'aimerais que vous puissiez m'envoyer... "
Pardon ? C'est pas clair ? Ah... Enfin, bon, même si je n'étais pas modérateur de la séance, moi aussi je suis un peu fatigué.
Lettre aux enseignants, après le discours du premier sinistre.
Chères collègues, chers collègues
Je vous espère en bonne santé psychique pour monter au front le 11 mai.
Perso... je suis un peu perturbé par la chose.
Donc voilà :
- 11 h 01 : le 11 mai, je resterai confiné en travail à distance
- 11 h 02 : ah... non, le 11 mai, je viendrai dans les écoles suivies par le RASED* auquel j'appartiens.
- 11 h 03 : pardon, je reviens sur ce que j’ai écrit à 11 h 02, je resterai à distance, chez moi
- 11 h 04 : finalement, contrordre, je serai de retour sur le Champ le Bœuf, mais dans une école seulement
- 11 h 05 : veuillez m’excuser, finalement, je ne serai pas dans une école, mais dans l’autre
- 11 h 06 : on m’informe à l’instant, que je devrai demeurer chez moi
- 11 h 07 : ah, non, ça ne me concernait pas, il s’agissait d’une info à destination de mon poisson rouge, ou de mon bégonia, j’ai toujours confondu ces deux œuvres d’art
- 11 h 08 : eh bien si, finalement, je viens de recevoir le contrordre de l’ordre qui contredisait celui qui ordonnait de... merde... je me suis paumé.
- 11 h 09 : après un Trump café bouillant injecté directement en intraveineuse, j’ai retrouvé mes esprits, donc le 11 mai je serai là, chez moi... ou à l’école... ou dans mon appartement... ou dans la classe... enfin, je sera là, à un mètre.
- 11 h 10 : le ministère de l’éducation nationale vient de faxer un message me disant que l’ordre cité il y a une minute était complètement caduque et devait être actualisé comme suit : je serai donc là, ou plus exactement ici, à l’école... ou dans mon classe... ou chez ma appartement... ou dans moi, bref, je sera çà, ou ili, au choix, à un mètre vingt, car je viens juste d’être augmenté.
- 11 h 11 : Madame Ndiaye m’a joint à l’instant par téléphone, elle m’a dit que je n’avais rien compris. La question n’est pas de savoir si je serai là, ou ici, le 11 mai, mais bien de savoir comment mettre le masque.
- 11 h 12 : je viens de me réunir avec moi même, à un mètre toujours, pour prendre une décision en relisant les 8 653 ordres, contrordres, contrecontrordres, avenants, décrets, abrogations... tombés dans 7 derniers dixièmes de secondes. La réunion risque d’être longue.
- 11 h 13 : après 9 h de réunion, je suis fixé, j’ai maintenant la certitude que je ne sais rien.
- 11 h 14 : tombé en profonde dépression de 4 mois depuis 11 h 13, j’ai décidé de mettre fin à mes jours
- 11 h 15 : j’ai été mis devant le fait accompli, si je veux me suicider en avalant un million de masques FFP2, il va me falloir attendre le 11 mai pour commencer avec celui qu’on me donnera à l’école car le 11 mai, j’y serai, ou pas, ou l’inverse, en fonction des infos que j’aurai reçu une minute avant de partir
Sur ce, je vais me servir une bonne rasade gel, il n’y a que ça de vrai. Un conseil, c’est mieux avec des glaçons.
A demain, ou à après-demain, ou à hier... j’attends le prochain discours officiel pour vous dire ça.
*RASED : Réseau d'Aide Spécialisée pour les Élèves en Difficulté
Cette année, le Tour de France sera sphérique ou ne sera pas. Regardez jusqu'au bout. Une superbe course retransmise par hélico. Comme sur la grande boucle, suspens extraordinaire, les embuscades font monter l'adrénaline. Pour assister à ce superbe spectacle, mettez-vous au bord du clavier dès 4 h du mat car les places seront chères.
Noooooooooon, tout le monde, qu'il a dit Doudou cet aprèm à l'Assemblée, et pis c'est tout !
Alors on va faire comment nous, les enseignants, pour gérer le bordel ambiant.
Il va falloir désapprendre aux Schtroumpfs ce qu'on s'est cassé le cul à leur apprendre pendant des années.
" Nooooon, tu ne lui donnes pas la main ! "
" Mais maitresse, d'habitude... "
" Finies les habitudes, terminées, tu veux vivre ou quoi ??? "
Désormais, le vivre ensemble, ce sera en groupes de un, éloignés d'un mètre minimum l'un de l'autre.
Alors, qu'est ce qu'on fait ? Droit de retrait, tu parles, ça sent la réquisition. Grève et manif ? Même pas en rêve, plus le droit de se rassembler au delà de 10.
Ah si, il y a la solution, comme l'ont fait les infirmières, les médecins, et depuis peu les dentistes... on pourrait tous se mettre à poil... mais même là, c'est pas gagné... à cause de la pédophilie...
Aujourd'hui 28 avril, journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail ET EN MÊME TEMPS journée internationale de mémoire pour toutes les victimes du travail.
Incroyable comme ça va résonner bientôt quand on comptera les morts dus à Coco19 contracté sur le lieu de travail.
Spéciale dédicace à toutes celles et ceux qui continuent, sans se poser de question, à sauver des vies, à en maintenir d'autres, à rendre moins pénible le quotidien des citoyens. Il faudra savoir s'en souvenir.
Après les LBD, un pas de plus serait franchi dans les mesures de rétorsion (cinquième ligne) Du coup, j'ai levé le pied sur le lever de coude.
Quant au pronom de l'avant dernière ligne... si la grammaire est respectée, à dire qu'un pronom remplace le dernier nom cité dans la phrase précédente, j'aimerais bien être au tribunal pour assister à la comparution.
Madame Sibeth, Plaisir de mots, toujours prompt à aider le quidam, relaye ici une question émanant de la station orbitale qui lui a été adressée par pli postal ce matin
"Bonjour Madame Sibeth
Nous sommes confinés depuis bien longtemps dans la station orbitale, par choix et non par précaution sanitaire contre Coco19. Pour autant, nous sommes dans l'embarras sur un certain nombre de points.
Devons nous, comme sur terre, éternuer dans notre coude ? C'est assez fastidieux quand on porte une combinaison spatiale.
Devons-nous maintenir entre nous une distance de sécurité d'un mètre ? Compte-tenu de l’exiguïté de la station, cela oblige systématiquement à faire une sortie extra-véhiculaire à chaque fois que nous devons nous croiser et il est difficile d'attendre le 11 mai prochain pour ce faire.
Devons, justement, lors de ces sorties, porter un masque FFP2 sur la visière de notre casque afin de ne pas contaminer un éventuel extraterrestre ?
Dans le cas d'une rencontre du troisième type, sommes nous autorisés à serrer la main, le tentacule, ou toute autre proéminence tendue vers nous, en tout bien tout honneur bien sur et en ayant bien évidemment pris soin de passer nos gants de sortie au gel hydro-alcoolique ? Cela pour conforter l'idée que si Coco19 a envahi la terre, il serait bien inconvenant de le refiler à d'autres. Diplomatie oblige.
Serons nous autorisés, pour notre retour sur terre, à ajouter une goutte de gin au cocktail salvateur de gel, de nicotine, d'hydroxychloroquine et d'azithromycine que nous nous injecterons, comme l'a si bien préconisé ce bon Monsieur Trump, qui brille par ses connaissances scientifiques ?
En vous remerciant par avance pour toutes les réponses intelligentes et rassurantes que vous nous donnerez. Merci de transiter par Plaisir de mots qui laissera votre pli en poste restante au bureau d'Alpha du Centaure.
Veuillez agréer, Madame Sibeth, notre plus profond respect coronesque.
PS : pourriez vous nous faire parvenir assez rapidement, par la navette retour, quelques rouleaux de PQ car nous venons d'entamer le dernier, ainsi que des sardines en confinement sauce muscadet pour égayer un peu nos repas en attendant le plaisir d'aller déguster un onglet à l'échalote avec une bande d'amis à la brasserie du coin "