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Il y a quelques jours, j'achevai de lire un livre sorti depuis déjà un bon moment, Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel. Encore tout imprégné de l'ambiance extrêmement prenante qui règne de la première à la dernière page, le soir même je regardai la pièce Sale race, de Tania de Montaigne, pièce dont la thématique rejoignait en divers points celle du livre de Philippe Claudel, Étrange coïncidence.
A vrai dire, je ne suis pas sorti indemne de cette journée particulière. Nature de l'Homme, nature des hommes. Courage et lâcheté, dignité et avilissement, peurs, effroi, horreur des paroles dites, des actes commis, contre les autres, contre soi-même, au nom de quoi, au nom de qui. Lâcheté, repli sur soi, crainte de l'altérité, haine de l'autre. Jugement, arbitraire, ukase.
Non, je ne suis vraiment sorti indemne de la lecture de ce livre, de la vision de cette pièce. Comment certains hommes peuvent-il tomber si bas, au nom de quoi peuvent-ils avilir leur prochain ? Philippe Claudel nous emmène dans la simplicité, la fatalité ? de choisir, pour les villageois, que nous pourrions tous être, d'anéantir l'autre, l'Autre, der Anderer, cela au nom de la différence, et au nom de cette différence aussi, dans la simplicité des idées politiques, de réduire Brodeck, son héros, à néant, à "rien"
Il en va de même dans ce que nous propose Tania de Montaigne, à dire s'interroger sur le mot race, sur l'idée, les idées qui en découlent pour nous les hommes, pour nous, Homme. La mécanique est simple, elle est celle de l'identification. Comme dans Le rapport de Brodeck, elle fonctionne à plein - à tout le moins, pour moi, elle a été particulièrement effective.
En cette époque où le monde va particulièrement mal, entre conflits internationaux, luttes de pouvoir au sein d'une même nation, montée des extrémismes, de la violence, repli sur soi, peur incontrôlable de l'étranger, refus d'entendre, de regarder, d'accueillir, d'aider celles et ceux qui fuient, terrorisé(e)s, leur pays, le livre de Philippe Claudel, la pièce de Tania de Montaigne sont un écho impressionnant de la pensée humaine, dans ce qu'elle peut avoir de pire, dans l'ignominie de ce qu'elle peut engendrer, et par contrecoup, l'un et l'autre entrainent, en rémanence, dans une réflexion personnelle qui va bien au delà des mots.
Deux opus à ne manquer sous aucun prétexte. Salutaires, ô combien. Merci à vous, Madame de Montaigne, Monsieur Claudel.
Tania de Montaigne propose de regarder enfin le mot Race en face. Sous forme d'une fausse conférence orchestrée par Stéphane Foenkinos et teintée d'une drôlerie cruelle, Sale Race invite à un voyage au cœur des préjugés où s'entrecroisent la petite et la grande Histoire. Un spectacle vivant à la croisée du théâtre et du documentaire, mêlant interaction avec le public, archives et lectures de textes fondateurs par huit invités : Sophia Aram, Hugo Bardin, Aka Paloma, Théo Curin, Amir Haddad, Lucien Jean-Baptiste, Valérie Karsenti, Paola Locatelli et Liliane Rovère.
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