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Prise de sang ce matin, habituel, pour savoir si je convoque la grande faucheuse de suite ou si les médocs que je prends me laissent un sursis que je souhaite le plus long possible.
La personne qui me convoque pour la partie administrative est charmante, souriante, accueillante. Nous plaisantons.
Derrière elle, une collègue, qui va et vient ; cela sans bruit.
Je m'assieds pour attendre un peu. Un nom est appelé, la dame assise un peu plus loin se lève et entre dans la salle de prélèvements. Quelques minutes après, elle en ressort, suivie de celle qui a fait la prise de sang.
J'entends mon nom, me lève, entre à mon tour dans la salle, ôte ma veste pour offrir mon bras à Madame Pic pic. Elle entre, pas de bonjour. Je lui récite ma date de naissance, pour assurer que je suis bien moi. Je m'installe. Elle reste muette, prépare ses tubes sans me regarder. Je devine que sous son masque, il n'y a l'ombre d'un sourire.
Je tends mon bras, habitué depuis huit ans à ce rituel. Je serre la main, pas la sienne, la mienne, pour faire saillir la veine. Sans passer préalablement ses mains au gel, elle garrote le bras offert puis déballe une aiguille. Une aiguille ?!? Que dis-je... un trocart ! Je frémis. Elle tâte la veine, passe le coton antiseptique et pique...
Je sers les dents, impression que l'aiguille va sortir du côté du coude. Elle trifouille pour trouver la veine, desserre le garrot... puis dans la foulée le resserre, et repique, me procurant un bonheur plus conséquent qu'à la première tentative. "La pression est fort forte, elle a fait sortir l'aiguille" !!!
Je suis autant étonné par le fait d'entendre sa voix, atone, que d'être torturé plus que de raison et que d'apprendre que le sang qui coule dans mes veines est à je ne sais combien de bars, occasionnant le rejet du trocart ; ce qui doit être vrai car une fois l'aiguille retirée, la dame colle un coton sur mon bras en appuyant comme une brute.
Remis de mes émotions, en quittant le labo, je me suis dit que le coup de la surpression, de ma vie, on ne me l'avait fait. Peut-être que si la dame m'avait parlé un peu, se fût montrée avenante, avec un sourire dans la voix au moment de la prise de sang, j'aurais été plus détendu. Mais non... A sa décharge, elle ne devait pas bien connaitre le labo ; je ne l'avais jamais vue auparavant.
Elle était peut-être aussi stressée que les patients à prélever. En un mot, elle devait avoir la pression.