
Monsieur Moix
Je vous ai entendu ce matin, interviewé par Léa Salamé sur France Inter, dans le 7-9 à propos de votre article récent dans Libé, concernant les migrants/les exilés de Calais.
Je viens de lire cette lettre ouverte que vous avez adressée à notre Président de la République, parue dans Libé et mise en ligne sur le site du journal.
Je ne suis pas allé à Calais, je n'ai ni vu ni filmé ces pauvres gens que vous évoquez. En revanche, au quotidien, je côtoie, dans les écoles dans lesquelles je travaille, des enfants qui arrivent de pays où eux et leurs parents ont été maltraités. Je tremble souvent à l'idée que ces enfants, ces parents, risquent d'être reconduits à la frontière, parce qu'une partie de notre pays ne veut pas d'eux. Je m'offusque de l'hypocrisie qui consiste à accepter la scolarisation des enfants alors que les parents vivent dans l'angoisse de décisions administratives funestes. Je m'insurge contre cette position pour le moins ambigüe. Je vois au quotidien des enfants qui font des efforts énormes pour s'intégrer, qui jouent le jeu de l'école française, apprennent notre langue... qui travaillent dur, et dans une grande dignité, en prenant ce que la France leur donne, sans rien réclamer. Ces gens, parqués dans des foyers qui ne sont que le moyen le plus facile de mettre la main sur eux pour les jeter dehors, sont des hommes, des femmes, des enfants qui n'aspirent qu'à une chose, vivre, vivre en paix.
Alors Monsieur Moix, je salue ici votre cran, votre courage, dont tant de politiques sont dépourvus. Votre texte est accablant pour le Président de notre pays. Votre indignation est salutaire, au moment où tant de gens se replient dans un individualisme aussi sectaire que dangereux.
Merci à vous Monsieur.