Ayant matutinalement acquis quelques fèves fraîches à vil prix, n'étant pas particulièrement en veine d'inspiration culinaire, j'avisai l'internenette pour confectionner une soupe avec ces légumineuses de la famille des Fabaceae, sous-famille des Faboideae, tribu des Fabeae, la maison ne reculant devant rien !
Ainsi, après avoir tapoté mon clavier pour m'enquérir de la préparation, faisant une confiance sans faille à Goût Gueule... forcément, pour la cuisine, on n'a pas encore trouvé mieux, je tombai sur le site qui me proposa la recette du potage à la paysanne.
"Vertuchou !" m'écriai-je tout de go, ajoutant, à l'instar de Boucle d'or constatant l'adéquation parfaite entre sapidité, température et quantité de soupe de petit ours et son propre goût : "c'est juste comme il faut !"
Il n'en fallu pas plus de temps qu'un élastique tendu à tout rompre pour aller exploser la mouche bleu moiré posée sur le fromage, pour aviser la confection de ladite soupe.
Etant bon prince de nature, je vous la livre telle qu'écrite :
Potage de fèves à la paysanne
« Ce potage est une véritable célébration au printemps. Quoi de plus beau que les fèves pour célébrer tout les légumes nouveaux. »
Ingrédients pour 6 personnes :
1 kg de fèves écossées
1 petite botte d’oignons nouveaux
1 branche de céleri
3 grosses pommes de terre
1, 5 l d’eau ou de bouillon de volaille
15 cl de crème fraîche
Beurre
Sel fin
Poivre noir
1 bouquet de persil
Préparation
Préparation des ingrédients :
Epluchez et émincez les oignons
Epluchez et coupez le céleri fines tranches, épluchez les pommes de terre.
Lavez et ciselez le persil.
Préparation :
Dans une grande casserole, faites revenir dans le beurre les oignons et le céleri, sans prendre couleur.
Mouillez avec l’eau, ajoutez les gousses et les pommes de terre, salez et poivrez.
Faites cuire à feu vif, 30 minutes.
Mixez le potage et ajoutez la crème fraiche, mélangez et parsemez de persil ciselé.
Je me mis donc en devoir d'exécuter à la lettre la recette.
J'avoue qu'arrivé au moment où il est dit "ajoutez les gousses", j'ai été pris d'une grande perplexité. Mon côté pointilleux, voire tatillon, très respectueux du sens exact des mots m'incita à vérifier si j'avais bien lu... effectivement, il s'agissait bien d'ajouter les gousses.
Pris d'inquiétude sur ma connaissance botanique, je sentis le doute m'envahir. Appellerait-on "gousse" ce que je pensai être la graine ? Que nenni ! Après une vérification étymologique du mot, je fus rassuré, mon interprétation était la bonne, à dire que la gousse était bien l'enveloppe, la cosse, comme on dit aussi. Certes, dans les synonymes je trouvai aussi "légume", mais cela n'apporta rien à l'affaire.
J'étais donc crucifié ! Que fallait-il faire ?
Ajouter les gousses, respectant au pied de la lettre la recette, au risque de proposer à mes convives une soupe infecte, et qui plus est, pouvant être considérée comme "au rabais", fruit d'une pingrerie qui m'aurait fait garder le meilleur pour moi ?
Suivre la voie de ma connaissance botanique, pas si lacunaire que ça, mais enfreindre la recette au mépris de son auteur, me faisant ainsi passer pour un fat ?
Je décidai donc de tout jeter et d'aller me servir un whisky pour retrouver un tantinet de moral et de dignité humaine. Quant à mes invités, une chance... je ne les avait pas encore sollicités.
Il y a des jours où le net me laisse vraiment rêveur.